"Je ne peux pas démêler les choses. Pas plus valoriser ce que j'ai fait. Pour commencer ça ne m'appartient pas."
Iannis XENAKIS, Silences Musiques Contemporaines (1985)




Pluie de bois (W-rain) (4:17),
pour la Synapse VIII d'Henri Olivier
EC, 2017










Pluie de bois (W-rain) (4:17)

Composition électroacoustique en réponse à l'invitation d'Henri Olivier pour mettre en relation une sculpture "Synapse" avec une extension musicale dans l'exposition"Parcours de l'ombre" au Musée National Marc Chagall de Nice.

Diffusée en continu sur un mode aléatoire dans une des salles du musée, cette pièce sonore propose un élargissement de la préhension de l’œuvre par la dimension acousmatique. Élaborée à partir d'enregistrements de pièces de bois heurtées, ses éléments sonores se distinguent par leur diversité spectrale : certains sont conservés dans leurs caractéristiques acoustiques naturelles tandis que d'autres ont subi des transformations par informatique (fréquences, textures, enveloppes). Ils surviennent en crescendo pour atteindre une forme d'ensemble arythmique et continu, dans leur densité maximale, avant de disparaître.

Parallèlement au caractère lumineux et concentré de la sculpture, les sons qui en surgissent sont conçus comme un foisonnement dirigé. Les textures sonores qui émanent du périmètre de l’œuvre parviennent aux visiteurs par rebonds croisés sur les murs de la salle et pénètrent par moments dans d'autres parties du Musée selon les intensités.

Si la sculpture d'Henri Olivier interroge plastiquement la définition de l'ombre dans un rapport paradoxal de lumière sur une surface, les sons qui en émanent explorent l'artifice du mouvement et du flux comme processus imaginaire, répétitif dans un temps donné, à proximité de l'architecture aquatique de la mosaïque de Marc Chagall.

Rayonnement de sons comme celui de la source lumineuse.

Hybridation de textures comme celles conférées au bois.

Synapse comme symbole de connexion ; celle d'un incident lumineux qui trouve une autre divergence dans l'espace acoustique.





Description du processus :
- enregistrements des heurts de différentes pièces de bois;
- création de modules sonores en grappes composées d'éléments naturels et d'éléments modifiés ;
- duplication alternée de ces modules pour obtenir une trame stochastique sur plusieurs pistes stéréo ;
- mixage en deux canaux et normalisation des fréquences à -6dB.
- morphologie générale de la pièce en amande (début PPP, crescendo d'intensité et développement des fréquences jusqu'au paroxysme puis déclin symétrique et dissipation jusqu'au silence) ;

Les premiers essais audio ont eu lieu devant la sculpture "Moïse recevant les tables de la loi" de Marc Chagall. C'est précisément ce mur qui offrait le meilleur espace pour la répercussion des sons croisés envisagée au départ. Mais finalement, l'envergure de l'installation a été réduite pour concentrer la diffusion des sons sur la Synapse et non sur l'ensemble de la salle.

Le public est l'opérateur de la conjonction entre l'œuvre et l'espace en faisant varier ses perceptions selon ses déplacements à proximité et autour de la "Synapse VIII" au sol. Dans cette salle, les visiteurs sont appelés à se mouvoir pour un aller-retour propice à révéler un peu de la spatialisation audio. L'eau et la baie vitrée menant à la mosaïque de Marc Chagall constituent l'ultime point d'étape dans cette partie du musée qui, une fois atteint, laisse une place à la découverte des Synapes. C'est à ce moment précis que les visiteurs peuvent prêter oreille.









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