TIERCE BIBLIO  I  ERIC CALIGARIS, ART CONTEMPORAIN, RECHERCHE
à propos de ce qu'ils/elles ont vu, perçu, cru, lu ou entendu




EXILS

« L’exil est une façon d’être. Depuis l’exil où il construit une œuvre, cohérente dans son propos, dans ses structures, nomade dans ses moyens d’expression, Éric Caligaris, à l’écoute des voix et des villes, attentif aux repousses qui germent dans les interstices de l’urbain, attentif à l‘humain renaissant de ses bévues, mène des recherches ouvertes sur le monde, qui amènent, avant toute chose, au mouvement de dépaysement : perdre le connu, perdre les repères sociaux, les cadres du jugement, de l’interprétation, ouvrir sur une question.

Alternative à l’attaque, la question surgit du manque et l’exprime, elle exprime l’imperfection irréparable du monde. Un quartier à détruire, désert, livré à sa décrépitude est toute une vie dont le flamboiement fera effet à l’intérieur des œuvres exposées à l’intérieur de cette portion de ville : ce qui se défait du réel forme l’œuvre. Et ce qui se forme dans l’œuvre défait l’œuvre elle-même, pour aller se loger, foyer de force véritable, dans le cœur vivant de ses visiteurs.

Éric Caligaris ne clôt pas, il détruit. La violence est sans coup d’éclat, elle est radicale, c’est-à-dire qu’elle est une racine, elle est portée dans l’art, et elle est portée sur son fruit : Éric Caligaris ne démonte pas son exposition, il la détruit, sans faire de cette action un spectacle, selon le mouvement naturel de sa fin, privilégiant l’éphémère, le fugace, la transmission, la circulation, l’art affranchi de la permanence, affranchi de la fixité dans un temps.

Le sens est ailleurs. L’art est une tenue personnelle, ses recherches sont en lien avec les ressources propres de l’homme, la religion première de confectionner, en marge de ses outils utiles, des objets de transmission qui contiennent, de façon énigmatique, le passage du présent. »